Le pommier (Malus domestica) est l’un des arbres fruitiers les plus courants de nos régions, et la pomme le fruit le plus apprécié des Français. Mais si vous avez la chance d’avoir des pommiers dans votre jardin, savez-vous bien les tailler ? Cette opération nécessite un peu de doigté… Mais demeure à la portée de tout le monde : on vous en révèle les secrets dans cet article.
Pourquoi tailler un pommier ?
Si vous souhaitez acquérir un pommier, vous devrez choisir entre différentes formes et tailles d’arbre :
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Le scion est un jeune tronc de pommier âgé de moins de 2 ans non formé.
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Le pommier ½ tige ou tige (le premier étant plus petit que le second) a déjà subi une taille et leurs branches charpentières (celles qui structureront sa ramure) sont sélectionnées.
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Le plein vent est un arbre adulte.
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Les autres formes, palmette, oblique, cordons sont des formes déjà taillées.
Ensuite, à chaque forme sa taille ! Vous saisirez donc votre sécateur à différents moments de la vie de votre pommier. Voici les plus courants :
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Pour assurer une ramure harmonieuse à votre jeune pommier scion
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Pour former une palmette, une quenouille… ou toute autre forme
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Pour entretenir les branches de votre arbre
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Pour éviter la propagation des maladies
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Pour assurer une récolte plus abondante
Quand tailler un pommier ?
La taille principale du pommier s’effectue en l’absence de feuillage et de fruits. Ainsi la ramure est plus visible et vous verrez immédiatement où tailler. N’opérez cependant pas trop tôt pendant l’hiver : le gel peut abîmer les branches juste taillées, et surtout vous vous priverez de l’étude des boutons de pommiers avant la taille. Cette étape d’examen est en effet décisive.
Le pommier porte deux types de boutons : l’un, plus pointu, est un bourgeon de feuille, l’autre, plus rond, est un bourgeon floral. Ce dernier donnera au bout de trois ans des pommes, et il doit donc être privilégié.
La période idéale pour tailler votre pommier semblerait donc le début de mars : les risques de gelées sont plus ou moins écartés, et le temps se radoucit. Pour compléter ce programme, une deuxième taille sera envisagée en juillet, celle de fructification : à cette époque, les jeunes fruits sont formés, et la taille de fructification peut débuter.
Comment tailler un pommier ?
L’équipement essentiel pour tailler votre arbre fruitier
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Un sécateur
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Une scie pour les branches plus solides
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Une échelle
Pour bannir toute maladie, passez de l’alcool sur les lames de vos outils de taille (sécateurs ou scie). Vérifiez également si les lames sont bien affûtées. Enfin, nous ne saurons trop vous recommander la prudence lorsque vous montez sur une échelle : privilégiez les échelles trois pans, bien stables.
Bien former son pommier
La taille de formation sur scion consistera à donner une silhouette harmonieuse à votre pommier. Pour cela, il vous faudra procéder sur plusieurs années :
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Année 1 : taillez le tronc à 80 cm et observez les branches qui se dégagent
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Année 2 : sélectionnez quatre à cinq branches qui formeront la ramure de votre pommier. Prenez des branches disposées en couronne et qui ne se croisent pas.
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Année 3 : commencez la taille du pommier gobelet ou ½ tige après avoir éliminé les branches verticales qui épuisent inutilement la plante.
Si cette taille vous semble un peu complexe ou longue, achetez un beau spécimen ½ tige en jardinerie. Le prix est un peu plus élevé, mais vous aurez l’assurance d’un démarrage sous les meilleurs auspices.
Si vous souhaitez conduire plutôt votre scion en palmette ou en cordon, procédez différemment :
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Palissez le tronc du scion sur un mur ou le long d’un tuteur (bambou ou fil)
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Taillez tous les rameaux secondaires
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Procédez ainsi au fur et à mesure de la croissance, en taillant bien net au-dessus d’un bourgeon.
Après chaque taille, passez un mastic cicatrisant sur les plaies. Il éloignera les champignons et autres maladies de s’inviter au cœur de l’arbre. Dernier conseil : taillez toujours au-dessus d’un bourgeon pour éviter ce qu’on appelle un « chicot », un morceau de branche esseulé après la taille et condamné au dessèchement.
Entretenir son pommier
Lorsque le pommier est formé, il vous faudra procéder à la taille d’entretien de votre pommier. Celle-ci consiste à éliminer tout simplement les branches malades ou abîmées par le vent, la foudre…
Ensuite, taillez celles qui sont orientées vers le centre du pommier, car elles empêchent la lumière d’y pénétrer, et risquent de gêner la fructification. On appelle cela « aérer l’arbre ».
Enfin, pour faciliter la récolte, taillez les extrémités des branches charpentières. Ainsi vous n’aurez pas à vous lancer dans des acrobaties pour récupérer les pommes en bout de branche. Taillez-les à environ 50 cm, au-dessus d’un bourgeon. Comme le pommier est un arbre vigoureux, les branches repousseront très vite.
Des pommes savoureuses et en abondance
Dernière étape, la taille de fructification permettra une bonne récolte automnale. Sur les grands pommiers, travaillez en hiver. Pour privilégier les boutons floraux, il vous faudra utiliser à bon escient votre sécateur sur les pousses latérales. Le plus simple est de privilégier la taille trigemme : ce nom un peu mystérieux signifie tout bonnement couper après le troisième œil (= le troisième bourgeon) de votre branche. Ainsi, le pommier pourra concentrer l’afflux de sève printanier sur les bourgeons, puis sur les fruits. Sur les pommiers de petite taille (fuseaux, palmette), préférez une taille estivale : coupez les petits rameaux après la première feuille, et recommencez au fil de l’été sur la nouvelle pousse. Les bourgeons à fleurs seront ainsi favorisés.
Connaissez-vous l’éclaircissage ? Sur les semis, il consiste à ne privilégier qu’une pousse lorsqu’on a semé plusieurs graines. C’est la même chose pour les pommiers ici : ne laissez sur un ensemble de petites pommes qu’un ou deux spécimens. Cette opération présente deux avantages : le pommier (et ses branches) ne crouleront pas sous les fruits et ceux-ci seront plus gros. Procédez en juillet, lorsque les petites pommes sont déjà formées mais encore petites.
La taille est au final un exercice qui relève plus de l’observation que de la science jardinière. Alors, prenez le temps de jauger votre pommier avant de saisir vos outils, et bonne récolte à venir !