Servant d’écran et d’écrin, la haie joue la carte du naturel en constituant un mur vivant aux rôles multiples. Aujourd’hui, elle a évolué. Fini le mur de verdure rectiligne et monotone du XXe siècle !
Mélangez les arbustes au gré de votre fantaisie, en conservant leurs formes naturelles qui permettent de rythmer la plantation et l’intègrent parfaitement dans l’environnement. La haie contemporaine s’inspire de la haie bocagère de nos campagnes (ou ce qu’il en reste), mais elle emploie une plus large palette de végétaux privilégiant les formes les plus ornementales.
La haie brise-vent
Avant de se lancer
Grâce à ses branches qui s’entrecroisent et la densité de son feuillage, la haie constitue un labyrinthe qui absorbe l’air et le ralentit de manière très efficace, l’obligeant à effectuer un parcours compliqué avant de la traverser. La haie protège du vent une zone qui s’étend sur huit à quinze fois sa hauteur. Il suffit d’arbustes de 2 m de haut pour abriter un terrain de 15 à 20 m de long.
Mon conseil : composez un brise-vent efficace dans un petit jardin avec les arbustes suivants : aucuba du Japon, éléagnus, fusain du Japon, houx américain, laurier tin, photinia, physocarpe, troène commun.
En réduisant la vitesse du vent, les haies procurent des conditions favorables à la croissance des plantes. En effet, un souffle d’air constant finit par provoquer des lésions microscopiques à la surface des cellules végétales, ce qui entraîne un retard de croissance car la plante est obligée de puiser dans ses réserves énergétiques. On observe jusqu’à 20 % de rendement en moins chez certains légumes exposés au vent (tomate notamment) L’entourage du potager par un brise-vent est donc tout indiqué.
La haie défensive !
Avant de se lancer
Constituez un rempart quasiment infranchissable par un humain : la haie doit mesurer au moins 1,5 m de haut, et présenter surtout une épaisseur de 80 cm à 1,2 m. Dans l’idéal, plantez des arbustes épineux et à la ramure très dense, en quinconce sur deux rangs. Acacia, argousier, aubépine, buisson ardent, cognassier du Japon, églantier, épine du Christ, épine vinette, houx, olivier de Bohème, poncire, prunellier, rosier rugueux sont les espèces incontournables pour cet usage.
Mon conseil : mélangez dans une même haie les différentes espèces citées ci-dessus car elles constituent des abris très appréciés par les oiseaux et les hérissons, de précieux auxiliaires pour votre jardin.
La haie de délimitation
Avant de se lancer
Dans un environnement urbain, le jardin protégé par des haies se transforme en une « bulle de nature », un monde complètement isolé des agressions de la ville. La haie constitue alors une clôture vivante et animée, qui par ailleurs, assure une protection acoustique non négligeable.
Mon conseil : attention aux ombres générées par les rideaux de verdure. Tenez-en compte dans le choix des végétaux que vous allez utiliser. L’ombre des feuillages caducs est toujours plus douce que celle des persistants.
Considérée par la loi comme mitoyenne, la haie implantée sur la limite périphérique de la propriété aide aussi à construire le jardin en le structurant. C’est donc plutôt une haie taillée sur laquelle viennent s’appuyer les massifs floraux ou le potager. Dans ce type de haie intégrez 20 % d’arbrisseaux et de petits arbres : amélanchier, aubépine, noisetier, lilas, hamamélis, sureau, Cornus mas, Prunus padus, tamaris, sorbier, saule marsault, etc., pour donner du rythme et du volume.
La haie de séparation
Destinée à bien matérialiser les différentes parties thématiques d’un jardin, elle n’a pas besoin d’être haute. Des arbustes limités à 1 m de haut : abélia bambou sacré, Corylopsis pauciflora, deutzia, genêt, laurier tin, rosier arbustif, spirée du Japon, symphorine, forment une très jolie barrière végétale.
Mon conseil : jouez sur l’effet de surprise que ménage une petite trouée dans un mur végétal. Cette idée, inspirée de l’œil de bœuf ou du moucharabieh des jardins orientaux, anime malicieusement un jardin.
Choisir les variétés
Caduc ou persistants ? Le principe très Français du « pour vivre heureux, vivons cachés », nous incite à planter d’épais rideaux arbustifs, d’un vert immuable en toute saison. Très vite monotone, ce mur végétal ne se justifie que s’il est taillé à la perfection, voire sculpté avec des arches, des décrochements, des niches et même aux angles stratégiques un topiaire (plante à laquelle on a donné une forme géométrique ou figurative). Effet « grande classe » garanti.
Mon conseil : dans les jardins de ville, la proportion d’arbustes persistants doit se situer entre 65 et 75 % afin d’assurer une présence vivante permanente.
Utilisez les persistants pour occulter, dissimuler un élément inesthétique et pour décorer les axes où le regard se pose en permanence. Si vous préférez les ambiances plus décontractées optez pour une présence de 30 à 50 % de feuillages caducs. Évoluant au fil des saisons, très souvent florifères, ils assurent un plus grand plaisir visuel. Qu’importe s’ils sont dénudés en hiver et qu’ils laissent filtrer les regards du voisinage vers votre propriété. Il est rare de s’alanguir en plein air durant la mauvaise saison.
Certains caducs : Acer ginnala ‘Flame’, Aesculus parviflora, Amelanchier lamarckii, boule de neige, Cornus sanguinea ‘Mid Winter Flame’, Cornus stolonifera, arbre aux perruques, Euonymus phellomanus, gommier bleu, Hamamelis x intermedia ‘Diane’, Hydrangea quercifolia offrent en plus l’attrait de somptueux coloris d’automne. Ils méritent une place de choix dans les haies d’inspiration naturelle.
Pour les climats doux et le bord de mer. Dans les zones littorales, composez une haie très décorative et variée avec les arbustes suivants : agneau chaste, aralia du Japon, arbousier, escallonia, fuchsia, grisélinia, laurier rose, oléaria, oranger du Mexique, osmanthe, pittospore, etc.
Mon conseil : en bord de mer, plantez les haies sur deux rangs de manière à constituer un rempart efficace contre les vents violents fréquents dans ces régions.