Qu’est-ce que c’est ? C’est tout simplement une forme d’art qui se pratique le plus souvent en pleine nature et qui utilise les matériaux qu’elle nous offre (bois, eau, pierre, sable, végétation etc…).
Ces oeuvres sont pour la plupart éphémères car sujettes aux aléas climatiques. Seuls l’imagination de l'artiste et le cadre naturel en fixent les limites et les contours. Certaines créations embellissent la nature qui l’accueille, d’autres la révèlent. L’harmonie entre l’œuvre créatrice et son hôte laisse exprimer la sensibilité et la poésie qu’il y a en chacun de nous.
Nous vous invitons à découvrir et à apprécier quatre œuvres éphémères réalisées par Maïté Milliéroux. Elles célèbrent chacune une saison au jardin. Que celles-ci vous inspirent et libèrent en vous l’artiste qui sommeille !
Printemps : Parfum de violettes
Land’art
Pour célébrer le retour des beaux jours, du soleil et le fleurissement de la nature, je me suis servi de ce que mon jardin m’offrait pour réaliser cet hommage.
Sur un massif de violettes, j’ai tracé avec des ficaires (fausses renoncules) un premier cercle jaune. J’ai rempli le cœur d’une vague violette pour obtenir une forme parfaite. De ce soleil fleuri dardent 6 rayons de pâquerettes qui viennent dessiner ensuite une grande roue blanche qui semble tourner et se diriger lentement vers l’été.
Été : Rosace de laurier
Land’art
Conseils d'artiste
Vous avez pu le constater, j’aime la rondeur et le cercle, forme rassurante et parfaite. Pour fêter l’été - bien installé cette année là - j’ai emprunté à une haie de laurier quelques feuilles que j’ai faites sécher à plat dans un gros livre. Les feuilles rouges proviennent d’un oxydendron dont les feuilles ont rougi plus tôt que prévu. Même sort pour ces jolies feuilles de rouge vêtues qui passent leur nuit en rang serré dans les pages d’une encyclopédie. Le matin venu j’ai classé mes feuilles par couleurs et par tailles, de la plus grande à la plus petite. J’ai commencé par un premier cercle concentrique de feuilles rouges recouvertes de moitié par un cercle de laurier lui-même recouvert d’un 2ème cercle rouge pour enfin terminer ma rosace d’un cœur de laurier embelli par 4 monnaies du pape surmontées d’une petite baie rouge en son centre. Vous n’avez pas de monnaies du pape ? Remplacez les par 4 petites fleurs ou 4 pétales de roses.
Mon petit secret pour une forme parfaite : je m’aide d’une chambre à air de vélo pour calibrer le premier cercle, puis me fie à mon coup d’œil pour compléter la forme par les autres rayons de feuilles.
Automne : Tarte aux pommes
Land’art
Un beau jour d’automne, j’ai décidé de faire une tarte maison à partir des quelques pommes récoltées des branches du pommier généreux de mon voisin.
Une fois la tarte préparée et mise au four, les volutes harmonieuses créées par les épluchures des pommes m’ont donné une idée pour me faire patienter durant la cuisson de mon dessert en tout point réussi et vraiment succulent !
J’ai tout d’abord placé la première épluchure sur un sol de terre, puis l’ai croisée dans une symétrie parfaite avec une deuxième épluchure. J’ai répété mon geste une deuxième fois pour obtenir des entrelacs que les celtes anciens n’auraient pas reniés !
Quant à la tarte aux pommes, merci, elle fut excellente et dévorée le jour même !
Hiver : La glace
La neige s’est arrêtée de tomber depuis quelques jours. Le beau temps et le froid sec ont durci ce blanc manteau par endroits et formé des plaques de glaces aux formes irrégulières. Je me suis amusée à en détacher dix pour construire mon poème éphémère : un château de cartes glacé. Œuvre immobile et pourtant en mouvement permanent par sa fonte au soleil et les reflets irisées que la lumière hivernale projette au travers de ces miroirs de l’instant. Je me surprends à le contempler pendant des heures en me demandant si je le verrai s’effondrer sur lui-même avant le crépuscule ou si la nuit longue et froide de l’hiver lui redonnera encore quelques forces pour résister vaillamment une journée de plus…
Mon petit secret d'artiste : surtout pas de précipitation, la glace est parfois fragile. Je commence bien sûr par le premier triangle, puis le deuxième et enfin le troisième.
Lorsque le socle me paraît assez solide pour recevoir le 2ème étage, je place le plancher en 2 fois puis continue avec un ultime étage. Si vous êtes joueur, vous pouvez essayer en créant un plus grand édifice, mais l’expérience m’a démontré que mon ambition était très souvent à l’opposé des lois imposées par dame nature !