Court Pendu, Beurré Chaboceau, Comtesse de Paris... Cela vous dit quelque chose ? Les anciennes races de pommes et de poires sont plus que jamais de retour dans l’air du temps. Et à juste titre, car ce sont des variétés de fruits très résistantes et au goût exquis. Jadis, la Flandre était reconnue internationalement pour son immense collection de fruits. Aux XVIIIe et XIXe siècles, une véritable euphorie de la poire s’était même emparée de nos régions. Quiconque jouissait d’un certain prestige, rivalisait pour obtenir la plus belle, la plus grosse et la plus goûteuse des poires. Plus de 1100 nouvelles races ont vu le jour à cette époque ! Aujourd’hui, il ne subsiste qu’une fraction de cette immense collection.
Les hautes tiges connaissent un regain d’intérêt
Longtemps, les anciennes races de fruits qui poussaient principalement sur des arbres à hautes tiges, ont été méprisées. Ces arbres vivent plus longtemps que les basses ou demi-tiges, mais il faut attendre plusieurs années avant qu’ils ne portent des fruits et ils prennent plus de place. De nombreux désavantages, donc, pour la culture commerciale où l’on préfère se passer d’échelle et récolter un maximum de fruits sur des arbres qui couvrent un minimum de superficie. Dans les années 70, une prime était même accordée pour l’abattage des hautes tiges. Aujourd’hui, différentes associations dont la Nationale Boomgaardenstichting (NBS) tentent de faire revivre notre passé fruitier. C’est ainsi que plus de 3500 anciennes races de fruits ont été redécouvertes dans les vergers à hautes tiges de Flandre, dont plus de 500 sont aujourd’hui en vente.
De la Double Philippe à la Seigneur Lambourne
Des régions typiquement fruticoles comme les Ardennes flamandes et le Pajottenland (avec des villages au nom évocateur de Appelterre et Bogaarden !) ont déployé des efforts considérables pour restaurer le paysage où les vergers à hautes tiges trouvent résolument leur place. À la campagne, il n’existait en effet pas une seule ferme sans verger à haute tige, et il arrivait également d’en trouver chez quelques particuliers. En été, on faisait la fête à l’ombre des fruitiers et en automne, on récoltait les pommes et les poires qui se dégustaient jusqu’au cœur de l’hiver. Heureusement, plusieurs arboriculteurs flamands mettent un point d’honneur à faire revivre ces anciennes races. Grâce à eux, des pommes oubliées comme la Reinette Descardre, la Reinette rouge étoilée, la Jacques Lebel, la Court Pendu et la Seigneur Lambourne ainsi que d’anciennes races de poires comme la Légipont, la Comtesse de Paris, la Beurré Chaboceau et la Double Philippe reviennent à la vie.
La nouveauté naît de l’ancien
Vous chérissez un arbre fruitier ancien ou dont vous ignorez le nom dans le verger de vos grands-parents ou dans votre quartier ? Vous aimeriez perpétuer sa race en en cultivant un jeune exemplaire ? Dans ce cas, rendez-vous en février-mars chez un arboriculteur spécialisé et donnez-lui de jeunes rameaux de votre ‘vieil’ arbre. Ces rameaux seront greffés sur un porte-greffe au choix, après quoi, vous pourrez emporter votre nouvel exemplaire à la maison. Si votre jardin est petit, faites greffer le rameau sur un porte-greffe ou un demi-tige : ces arbres prennent moins de place et portent plus rapidement des fruits.