Influencés par le style chinois, zen, les jardins se sont développés au Japon à partir de l’an 800, montrant une sobriété plus affirmée. Le jardinier japonais cherche à reproduire en le miniaturisant, un site naturel avec : eau, îles, collines, montagnes. La richesse du jardin zen japonais vient de son dépouillement. Tout y est esquissé, suggéré, afin de restituer l’atmosphère et non l’expression intégrale d’un paysage.
Le petit jardin zen idéal
Autre caractéristique unique : le jardin japonais joue à cache-cache, ne se dévoilant jamais d’un seul coup d’œil, même sur des surfaces exiguës. C’est une manière astucieuse de le faire paraître plus grand.
Toujours clos, le jardin japonais est plutôt de petite taille car conçu en ville ou dans l’enceinte d’un temple. Le paysagiste nippon agrandit visuellement l’espace, en dissimulant les contours par une végétation abondante et libre. Il joue sur des perspectives en trompe l’œil. Le premier plan domine, suivi d’une zone intermédiaire, pour finir par suggérer le lointain avec des plantes ou des roches en decrescendo.
DES ÉLÉMENTS SYMBOLIQUES
On retrouve toujours les mêmes composants de base dans le jardin japonais. Le pavillon de thé exprime détente et plaisir. On y accède par une voie semée d’embûches : le pas japonais, un sentier ponctué de pierres irrégulières.
Les rochers, disposés en triangle en dehors des principaux axes de vision, incitent à observer posément le jardin. L’eau, évoquant lacs et ruisseaux, est présente ou symbolisée par les gravillons ou le sable. Elle relie harmonieusement les différentes scènes du jardin.
Selon l’angle sous lequel on les admire, les lanternes dissimulent ou valorisent des points spécifiques. La fontaine d’ablution (tsukubai), destinée à la purification, accueille le visiteur à l’entrée du jardin.
LES JARDINS SECS
Le bouddhisme zen a conquis le Japon au milieu du XIIe siècle. Cette philosophie ascétique conçoit le jardin comme un espace de concentration et de méditation. Dans les jardins zens dominent les pierres, l’eau et les arbres à feuillage persistant.
Les jardins entièrement secs (karesansui) reproduisent de façon abstraite un paysage naturel. Certains sont mondialement célèbres comme le Ryoan-Ji, un espace de 30 m de long et 10 m de large, composé de 15 pierres disposées en cinq groupes sur un tapis de graviers blancs ratissé quotidiennement. Depuis décembre 1994, ce jardin est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Les plantes du jardin japonais
Des bosquets de bambous dissimulent partiellement murs et clôtures.
- Changeant d’aspect au fil des saisons, l’érable du Japon (Acer palmatum) évoque le temps qui passe.
- Le pin à cinq feuilles (Pinus parviflora) représente la longévité. Il est taillé en nuages (niwaki) afin de sublimer sa silhouette. Vous pouvez le remplacer par un houx à petites feuilles (Ilex crenata) ou un troène ibota (Ligustrum delavayanum) qui acceptent bien cette taille.
- L’abricotier japonais (Prunus mume) symbolise le paradis sur Terre.
- Le cerisier du Japon (Prunus serrulata) ou sakura, rappelle la beauté éphémère de la nature.
- Azalée, camélia, arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba), sugi (Cryptomeria japonica) se rencontrent aussi couramment dans les jardins japonais.
- Les fleurs sont assez rares, hormis les iris (Iris ensata et Iris laevigata).
Japoniser votre petit jardin zen
Vous possédez une cour, un patio, un petit coin très ombragé où rien ne pousse, alors transformez-les en jardin japonais. Une barrière en bambou, une fontaine à bascule(shishi odoshi), un beau bonsaï d’extérieur, une lanterne, trois rochers, des gravillons blancs et vous aurez en un tournemain « japonisé » le lieu.
La magie du jardin japonais, c'est son harmonie !
Mais ne croyez pas pour autant avoir créé un vrai jardin zen à la japonaise. C’est un art que seuls maîtrisent les natifs de l’Empire du Soleil levant. Pensez que certains paysagistes laissent patienter leurs clients plusieurs années avant de placer à l’endroit prévu le rocher qui s’imposait.
Car ce qui fait la magie du jardin japonais c’est son harmonie. Il y a tout ce qu’il faut, rien que ce qu’il faut, juste là où il faut !