Contre-pied du « jardin à la française », dont il refuse le tracé géométrique et les perspectives grandiloquentes, le jardin à l’anglaise puise son inspiration dans le romantisme cher à Jean-Jacques Rousseau.
Pour notre philosophe, l’art des jardins est destiné à embellir et enrichir la nature. Une idée concrétisée par les jardiniers britanniques du début du XVIIIe siècle, qui façonnent le paysage en y ajoutant nombre d’éléments construits. Ils n’ont pas l’intention de recréer la nature, mais conçoivent une œuvre pittoresque (de pittore, peintre) valorisant jusqu’à l’exagération des paysages et des évocations poétiques dans un désordre habilement orchestré qui incite à la rêverie.
Du jardin au paysage
Le jardin à l’anglaise se compose comme un tableau, privilégiant l’harmonie des volumes, des couleurs et des matières.
Véritable fracture avec les compositions classiques des siècles précédents, le jardin à l’anglaise s’exprime par ses chemins sinueux qui s’ouvrent sur des points de vue dévoilant un paysage. De cette conception révolutionnaire sont nés le paysagisme et le métier de paysagiste qui rompent avec « l’architecture des jardins ».
Arbres majestueux poussant librement, pelouse vallonnée, bosquets, ruisseau, étang, rocaille, grotte, belvédère, kiosque…
Le jardin à l’anglaise se compose comme un tableau, privilégiant l’harmonie des volumes, des couleurs et des matières.
Ondulations voluptueuses
Ponctué de buttes, de ravines et de rochers, le jardin anglais est accidenté, opulent, majestueux. À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, ce style s’impose dans tous les jardins, bouleversant l’aspect des grands parcs des châteaux européens. Pour la première fois, le jardin évolue avec les saisons et les moments de la journée, pour devenir un espace de liberté créative où l’on refuse les codes établis.
L’avènement du végétal
De cette volonté de sublimer la nature naît en Angleterre au XIXe siècle le concept du massif qui associe diverses espèces ornementales aux formes et aux couleurs variées. À cette époque, la célèbre jardinière Gertrude Jekyll conçoit les fameuses « mixed-borders », plates-bandes de vivaces habilement mélangées.
En s’émancipant pour devenir une oasis végétale, le jardin à l’anglaise préfigure le style iconoclaste du jardin contemporain.
Votre jardin à l’anglaise
Dans un petit jardin privé, le style « à l’anglaise » peut être remplacé par l’idée du « jardin de cottage », c’est-à-dire le jardin à la campagne, sans être pour autant champêtre. On va y retrouver des plantations informelles où est bannie toute rigueur, avec des végétaux choisis pour leur opulence, leur floraison abondante et surtout leur parfum.
Le jardin anglais est cloisonné en petites chambres dans lesquelles on pénètre en passant sous une tonnelle, un porche ou un passage percé dans un mur.
Maîtres incontestés des associations végétales, les Anglais composent, harmonisent et mettent en scène une profusion de plantes, soulignant une floraison jaune vif pour un feuillage argenté, adoucissant la vigueur d’un rouge sang par des fleurs blanches, et surtout privilégiant les dominantes roses, mauves, lavande et bleues. Sont très rarement présents dans les jardins à l’Anglaise les rouge vif et les orange, hormis pour composer des ensembles monochromes que nos amis d’outre-Manche maîtrisent à la perfection.
En bref, c’est un fouillis floral savamment agencé, un lieu de fraîcheur délicieusement désuet, qui se renouvelle au fil des saisons et dans lequel il fait bon vivre, mais qui se montre exigeant sur le plan de l’entretien car tout doit y respirer la vie en pleine santé.
Le jardin à l’anglaise, c’est aussi la rose déclinée dans une libre opulence et toujours associée avec des plantes vivaces. Ce sont des barrières gommées par un enlacement de clématites et de rosiers grimpants ou de chèvrefeuilles odorants. Le jardin anglais est cloisonné en petites chambres dans lesquelles on pénètre en passant sous une tonnelle, un porche ou un passage percé dans un mur.
On y circule sur des petits sentiers, pavés ou stabilisés par des briques à l’ancienne posées sur chant. Il y a bien sûr de la pelouse dans le jardin à l’anglaise. Une pelouse impeccable, sans le moindre plantain ou pissenlit et tondue ras.